mercredi 24 octobre 2012

I am here when the sun dies.

C'est un hors sujet du projet que j'ai en ce moment avec Eléonore, le personnage ici s'appelle Bleuenn et est une chasseuse de sorcière. 


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I am here when the sun dies.

« Où penses-tu pouvoir aller, comme ça, si près du Sacré Cœur, de Notre Dame ? »
La sorcière pencha la tête, les yeux écarquillés. Ses pupilles semblaient dévorer l’iris doré de ses yeux. « Je pense m’enfuir bien entendu. » Un sourire interminable fendit le beau visage laiteux de la jeune blonde. 
Un sourire faux, un sourire fou.
« Tu es plus proche que jamais de l’un des épicentre de l’Eglise catholique en ce monde et tu oses prétendre pouvoir t’enfuir ? » La sorcière se balançait d’avant en arrière, chantonnant à tue-tête une musique entêtante à souhait. 

I am here when the sun rises.
I am here when the sun shines.
I am here when the sun dies.
I am here to make you fear my
Power.


Une fraction de seconde après la dernière syllabe prononcée, la sorcière se jetait en avant et, d’une vitesse surhumaine, abattait sa main soudainement griffue sur la frêle Bleuenn. Laquelle évita d’un bond souple et tout aussi rapide son adversaire. La largeur du pont neuf empêchait les déplacements latéraux trop grands, la chasseuse de sorcière se sentait piégée. Pourtant, c’était elle qui était sensée être le chasseur…
Rapidement, la jeune femme aux cheveux d’un roux flamboyant tira quatorze orbes métalliques de son sac et les jeta en l’air. Elles flottaient doucement. 
« J’en appelle aux sept péchés capitaux. La paresse, l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère, l’envie. Et aux sept vertus capitales. La chasteté, la tempérance, la prodigalité, la charité, la modestie, le courage et l'humilité.
─ CESSE ! » hurla la sorcière, genoux à terre, mains couvrant ses oreilles.
Les quatorze sphères filèrent dans les airs pour former une croix catholique au dessus des deux jeunes femmes. Des filaments d’énergie magique circulèrent entre elles avant de tomber brusquement vers le sol, délimitant un champ de bataille cruciforme. 
« Imbécile imbécile imbécile, chasseuse débile. ON N’ENFERME PAS UNE SORCIERE ! »
Eructant et hurlant des litanies satanistes, la possédée ouvrit une bouche grande comme deux poings et vomit les flammes de l’enfer sur Bleuenn. La jeune femme fut touchée de plein fouet par le jet de feu. Elle hurla de douleur avant de tisser un bouclier rapide de sa main valide. 
« Châtimental. »
La sorcière tomba à nouveau à genoux, déchirant plus encore sa robe en lambeaux autrefois blance. Elle hurlait de douleur et de rage, les doigts comprimant ses tempes affreusement douloureuses. Ses yeux virèrent au rouge carmin. Puis sa bouche se ferma, le cri se tarit et son regard se durcit. Avec difficulté, elle se remit debout, vomissant la haine. « Sale trainée. Tu ne mérites rien de plus que la mort la mort la mort la mort ! »
Remontée comme une horloge, la sorcière tremblait. Elle convulsait à présent, les lèvres retroussée en un affreux rictus. Ses membres prenaient des courbures inquiétantes, son bassin tourna à plus de 360°, ses bras se pliaient vers l’arrière. Puis, lentement, elle se couvrit d’une fourrure aussi noire que la nuit. Bleuenn ne bougeait pas, elle récitait toutes les prières qu’elle connaissait pour rattacher son esprit à quelque chose de saint. La moindre maladresse mentale de sa part et elle sombrait dans le péché pour n’en sortir qu’au jour bénit où un chasseur lui trancherait la gorge. 
Le loup de plus de deux mètres de haut hurla à la lune. La prison cruciforme jugulait avec peine les émanations violentes qui suintaient de la bête. « Et maintenant, qui est le plus enfermé, chasseuse ? » ricana l’hideux animal. 
Bleuenn ne flancha pas. Elle leva son bras valide bien haut dans le ciel. Lentement, une croix d’une blancheur éclatante vint se loger entre ses doigts fermés. 
« Notre Père, qui êtes aux Cieux. »
La sorcière plissa ses yeux canins et hurla à la lune une fois encore avant de foncer vers la chasseuse de sorcière en pleine prière. Des liens opalescents jaillirent de tous les orbes des vertus pour s’enrouler autour de l’incroyable bête et l’immobiliser comme un insecte sur une toile. 
« Que Votre nom soit sanctifié.
Que Votre règne arrive.
Que Votre volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel. »
L’animal hurla de toutes ses forces et fit craquer plusieurs liens. D’autres fils noirs comme l’ébène filèrent vers la créature pour l’immobiliser d’avantage. Dans le creux de sa main, Bleuenn sentait la croix devenir de plus en plus tangible. 
« Donnez-moi aujourd’hui le pouvoir d’accomplir,
En digne bras armé de votre Justice,
Le devoir d’expurgation qui me fut conféré. »
La bête ne se débattait plus, elle semblait paralysée par les liens noirs et suspendue aux lèvres pieuses de son ennemi. Laquelle abaissa le bras, pointant le bas de sa croix vers la sorcière transformée. Le Fusil Divin retrouvait les mains expertes de sa propriétaire. 
« Bénissez nous du Mal, 
Pardonnez nos péchés,
Car ils ne sont exécutés que dans le dessein de Vous servir. »
Chaque mot semblait gorger l’arme de plus d’énergie encore.
« Ne nous soumettez pas à la tentation. »
Le fusil brillait désormais si fort que la Seine en semblait éclairé. La ville lumière en perdait de son éclat. 
« Mais délivrez-nous du Malin. »
Bleuenn tenait un soleil entre ses doigts.
Elle avait le pouvoir de tout détruire si elle voulait. Elle pouvait gouverner le monde avec une telle puissance, elle pouvait contrôler n’importe qui, elle pouvait.
« Non. »
La tête velue de la sorcière s’abaissa en signe de défaite. Elle avait perdu. Elle fit face à la mort dans son corps humain. Elle ne souriait plus mais la flamme de la folie brulait encore et encore plus de raison au fond de son regard dérangé.
« Amen. »
Un éclair blanc pur comme un tison chauffé à blanc.
Puis se fut la fin d’Evaline le Lycan.