jeudi 27 juin 2013

Délicieuse intruse

Modèle : Lisa Charrier ♥
Un super shooting à Paris même si j'ai eu l'intelligence ultime d'égarer mon trépied...
(Toutes les photos ne sont pas encore disponibles, je les ajoute au fur et à mesure de mes retouches)
















samedi 22 juin 2013

Rouge, beige et noir.

Chi & Miroslav sont deux personnages du "roman" que l'on est entrain d'écrire avec Eléonore, Bodyguards. Voilà voilà ♥

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Oh, à écouter impérativement avec ceci.

Rouge, beige et noir.

« Tu... Je... peux prendre une douche ? »
Chi hocha la tête, quelque peu abasourdie. Elle conduisit le jeune homme vers la salle d’eau, non sans remarquer qu’il maculait la moquette de sang. Il la remercia d’un regard et ferma la porte sans rien dire. Elle papillonna des yeux et ouvrit brusquement la porte-fenêtre qui donnait sur son minuscule balcon. Elle était troublée. La jeune femme fit valser ses boucles rouges autour de son visage fin et agrippa fermement les barreaux de fer forgé. La nuit était claire, la pleine lune irradiait comme jamais, frappant allègrement la moindre parcelle de la Russie de son rayonnement opalescent. Les étoiles semblaient comme mises en sourdine, éclipsées par la puissance de l’astre nocturne. 
Chi tressaillit quand l’eau cessa de couler et qu’elle l’entendit haleter avant de grogner de douleur. Elle se rapprocha de la porte et, d’une voix qu’elle affermit, demanda : « tu as besoin d’aide ? »
« Non, non, ça va. »
Bon.
Elle s’assit donc sur son lit et serra les draps dans ses doigts pour masquer son tremblement. Elle contemplait fixement les traces sanglantes laissées sur le sol. « Il y a des pansements dans le troisième tiroir. »
Un grognement servit de merci.
La chambre était moyenne, les murs crème, parsemés de temps à autre d’un coquelicot. Le lit sur lequel était appuyé le lit de Chi était écarlate. La moquette également était crème. La chambre semblait faite pour elle : peau et sang. L’unique source de lumière de la pièce était une lampe de bureau rouge, posée à côté d’un tourne-disque en cuivre et d’une photo de Chi et de ses parents. 
Chi expira longuement lorsque le loquet de la porte se déverrouillait. 
Il sortit en trempant allègrement le sol, ses pieds encore humides mouillant la moquette. Les gouttelettes d’eau glissaient sur ses mollets pour inonder le sol de la chambre. Une serviette lui enserrait la taille, masquant pudiquement son intimité. Les yeux dorés de la jeune femme remontèrent encore, dévorant visuellement le torse de Miroslav. Il était sculpté comme une statue, une touffe de poils noirs comme ses cheveux remontait jusque son nombril et parsemait ses pectoraux puissants. Il était mal rasé, quelques poils oubliés dans le coin de la mâchoire, sur le dessus de la lèvre. Un filet d’eau glissait sur son nez maintes fois brisé, sur son visage marqué par les cicatrices et la douleur, sur ses sourcils broussailleux, le long de ses tempes, sur le bord de ses mâchoires, dans le creux de son cou. Chi remarquait seulement alors le pansement qui ceignait la hanche gauche de Miroslav. La blessure avait dû être imposante puisque le tissu recouvrait une bonne partie de la hanche du jeune homme. 
Chi se leva.
« Tu es blessé ? »
Sourire furtif.
« Pas autant que les cibles. »
Charlotte eut un rire qui sonnait faux. Elle avait été morte d’inquiétude toute la soirée. Elle cachait ses mains aux ongles rongés jusqu’à l’os dans son dos, collées contre sa robe en lin. 
Miroslav gouttait toujours au sol alors que le silence se prolongeait. « J’ai... amené quelque chose. »
La jeune femme lui lança un regard interrogatif et il se tourna vers une sacoche qu’elle n’avait même pas remarquée tant elle avait été préoccupée par son état. Il fouilla un moment dans le sac noir avant d’en ressortir, victorieux, l’objet qu’il désirait. Il brandit le vinyle comme un trophée et se rua sur le tourne-disque. Il y plaça l’objet et mit l’appareil en marche, les yeux brillants.
Lorsque les premières notes éclatèrent, elles semblèrent prendre tout l’espace. Comme si la chambre avait été remplie d’eau, qu’elle s’insinuait dans le moindre recoin, dans le moindre espace laissé vide. Chi se sentait submergée par la musique. Les notes de piano déferlaient dans ses oreilles avec puissances, l’emportaient vers d’autres rivages. Lorsque les mains calleuses de Miroslav se posèrent sur le bassin de Chi, elle eut un léger frisson. Elle rouvrit les yeux qu’elle avait inexplicablement fermés et se colla contre le corps de Miroslav. Elle sentir immédiatement sa robe absorber l’eau comme une éponge. Un autre frisson lui parcouru l’échine. Mais ce n’était ni de surprise, ni de froid. Une délicieuse chaleur se répandait en elle, jusque dans le creux de ses reins, jusque dans la plante de ses pieds, jusque sur le bout de ses lèvres. 
Miroslav posa la tête contre son cou et embrassa doucement sa peau d’ivoire. La respiration de la jeune femme s’accélérait. Elle n’avait jamais été aussi proche de lui. Elle n’avait jamais été aussi proche de personne. Elle commença à danser doucement, surprenant quelque peu son partenaire de valse. Il eut un sourire et prit les rênes de la chorégraphie. Il garda une main sur sa hanche et plaça l’autre dans celle de Chi. Il la guidait à travers la chambre au rythme imposé par le disque. Ils voguèrent jusqu’au balcon, glissèrent jusqu’au bord du lit, naviguèrent jusque la porte de la chambre. 
Mais, soudainement, le tourne-disque dérapa et le rythme s’accéléra brutalement. Les deux danseurs, pris par surprise, eurent un moment d’étonnement puis Miroslav réagit vite et accéléra aussi le rythme. Il fit voltiger Chi dans la pièce, la fit tournoyer dans ses bras, la porta vers le plafond, l’enroula dans ses bras puissants. Sa serviette manqua de tomber à maintes reprises mais à chaque fois il la rattrapait de justesse. La danse devenait un jeu. Chi s’appliquait à le placer dans des situations risquées pour sa nudité, Miroslav se défendait tant bien que mal. La jeune femme s’illuminait, un sourire mutin s’épanouissait sur son visage, ses yeux brillaient, espiègles. Miroslav aussi s’amusait énormément. Pour la première fois, Charlotte le voyait esquisser un sourire franc et pas moqueur comme il en avait l’habitude. Elle accélérait encore la cadence et lui suivait allègrement. Le tissu blanc glissait de plus en plus sur les hanches du jeune homme, révélant le haut de ses fesses, le début de son pubis quand il poussa brutalement Chi contre le lit et qu’il redressait immédiatement la serviette.
Chi éclata de colère alors qu’il éclatait de rire.
« TRICHE ! TRIIIIIICHE ! J’Y ETAIS PRESQUE, A UN POI... »
Avant même de terminer sa phrase, Charlotte croisait le regard du jeune gomme et explosait d’un rire tonitruant, Miroslav l’imitant bien vite. Il se laissa tomber sur le lit, le corps secoué de spasmes. Tous deux avaient le visage inondé de larmes. Ils s’exprimaient difficilement, entre deux fou-rire difficilement contenus. Chi hurlait littéralement de rire alors que Miroslav riait plus silencieusement, comme intérieurement. Ils s’allongèrent l’un en face de l’autre, Charlotte mordant son doigt pour ne plus rire, Miroslav se mordant le bas de la lèvre, encore en larmes.
Les deux restèrent un moment comme ça, tentant difficilement de se calmer. Un bon quart d’heure de larmes plus tard, Chi souffla :
« Pourquoi tu n’es pas toujours comme ça ? »
« Comme ça ? »
« Te fous pas de moi, tu sais très bien ce que je veux dire. »
Miroslav marqua une pause et plongea son regard abyssal dans celui de Chi.
« Avec toi c’est différent. Je suis différent. T’es comme ça. »
Elle décida de le prendre comme un compliment. Ils se fixèrent encore quelques minutes sans rien se dire. Ils ne semblaient pas avoir besoin de mots. C’aurait été mentir de dire qu’ils se contentaient de s’admirer et de s’aimer. C’était faux. Ils étaient tous deux rongés par les questions. Ils hésitaient tous les deux, attendaient tous les deux, désiraient tous les deux. Ce fut Chi qui le fit. Elle approcha doucement son visage de celui de Miroslav et posa ses lèvres contre les siennes. Leurs langues s’effleurèrent, s’emmêlèrent pour ne plus se quitter. Le jeune-homme, comme vexé de ne pas avoir pu ouvrir la danse, prit les devants et fit rouler sa délicate partenaire sous lui. Ils s’embrassèrent de plus belle mais Chi brisa l’étreinte.
« Attends... je... Miroslav tu sais je... Enfin je n’ai jamais ... fait. »
Miroslav l’embrassa encore une fois et plongea son regard dans le sien. Il sourit.
« Alors découvrons ça ensemble ? »
Chi papillonna les yeux d’étonnement mais ne dit rien.
Elle le laissa parsemer son cou de baisers. Elle sentait ses mains si puissantes trembler. La jeune femme caressa les cheveux sombres alors qu’il faisait glisser la bretelle de sa nuisette. Les doigts d’ivoire de Charlotte effleurèrent son dos noueux alors que, dehors, une explosion retentit. Les deux regards se tournaient vers le ciel nocturne qui se parait alors de rouge et d’or. 
Des feux d’artifice.
Juste des feux d’artifice pour une autre nuit fastueuse à la cour de l’homme de fer.
La serviette et la robe glissaient au sol alors qu’un deuxième feu embrasait les étoiles.
Les lèvres de Miroslav se promenaient partout, sur la moindre parcelle du corps de Chi, avec la même passion et le même désir à chaque fois renouvelés. Charlotte se contentait de combler son corps de caresse.
Les deux innocentes âmes s’unirent pour la première fois quand le centième feu voilait la lune. Elles retinrent un gémissement. Elles ne le retinrent plus ensuite.
Le corps de Miroslav épousait chaque atome de celui de Chi comme s’ils étaient faits pour se combler. Son bassin dansait au rythme des feux qui illuminaient la chambre par à-coups. 
Lorsque vint le bouquet final, le bruit fut tonitruant. De chaque côté du mur de la chambre. 

Chi se sentait enfin complète.
Miroslav se sentait enfin heureux.
Ils ne savaient pas.