dimanche 15 mars 2015

LENA & LISA

Encore une fois Lisa la magique sur Paris & puis en plus la super incroyable Léna. En espérant que les photos vous plaisent !


























samedi 7 février 2015

Sélène




Les planches ne grinçaient pas au contact délicat de ses orteils.
Les rideaux ondulaient avec douceur à chacun de ses mouvements et ses cheveux argentés volaient dans les airs comme au ralenti, portés par la même brise dont elle semblait faite. Sa peau laiteuse tranchait violemment avec le noir dévorant du décor et son corps couvert d’un pan de tissu immaculé voletait autour d’elle, gracile. Ses mouvements semblaient aériens. Son corps sans densité.
Séléné volait plus qu’elle ne dansait.
Ses pieds virevoltaient sur la scène, quittant le bois par à coup pour mieux y retomber une fraction de seconde plus tard. Elle tournait à en perdre la tête, bondissait à n’en plus finir, se mouvait avec plus de douceur qu’un nuage, avec toutefois une précision chirurgicale.
C’était ainsi que les dieux l’avaient voulue. Seule, perdue sur cette estrade à danser à n’en plus finir pour leur divertissement, le corps inondé par un rai de lueur d’une blancheur pure. Sa peau semblait s’être accordée à ce faisceau opalescent qui lui éclaboussait le visage dès qu’elle levait ses yeux azur.

Séléné était le joyau de l’Olympe. La poupée de cire dont on ne se lasse jamais. La minuscule figurine pointilleuse qui s’agite sur une mélodie merveilleuse sitôt que l’on ouvre la boite à musique.

Elle dansait sans jamais regarder ailleurs que le lointain. Séléné ne regardait que l’horizon, l’avenir, le devant. Elle se jetait au sol pour mieux s’élever vers sa destinée, tournoyait à l’Est pour être irrévocablement attirée de nouveau vers le devant de la scène.
Et jamais Séléné ne s’arrêtait.
Jamais Séléné ne ressentait fatigue, ennui ou lassitude.
Jamais Séléné ne se sentait seule.

C’était une nuit comme les autres, et Séléné dansait de plus belle, jalousement gardée dans le palais de Zeus qui pour l’heure avait d’autres préoccupations. Elle ne dansait pour personne. Nul œil ne se posait sur elle mais elle se mouvait dans son espace comme à son habitude.

Alors qu’elle s’apprêtait à se jeter de côté, bras en arabesque, corps tendu par l’effort et la rigueur de la danse, quelque chose se brisa dans sa vie.
Un bras puissant heurta son bassin et Séléné s’arrêta.

Pour la première fois, Séléné s’arrêta.

Son corps se figea alors. Ses yeux s’écarquillèrent. Tous ses muscles se tendirent. Elle était bandée comme un arc, prête à décocher une flèche meurtrière sur quiconque l’avait arrêtée. Puis elle tourna les yeux et le monde s’arrêta de tourner. Seul son cœur battait le rythme.
Il était grand, large d’épaules, bâti comme tous les autres dieux. Il était parfait. Sa peau était si sombre qu’elle semblait vibrer et ses yeux noirs voulaient absorber la seule amie de Séléné : la lumière blanche.
La jeune femme ne savait comment réagir. Alors elle fit la seule chose qu’elle savait faire. Elle dansa.
Elle glissa sur le côté du nouvel arrivant, la main glissant sur son torse nu. Elle se faufila derrière lui et tourna autour, colonne vertébrale cambrée, bras arqués, jambes tendues. Il restait immobile, comme subjugué.
Elle continuait sa danse, glissant ses doigts immaculés le long de son corps totalement dénudé. Elle le découvrait comme un nouveau-né pose ses yeux sur le monde. Elle buvait du regard son visage rêveur, gravait dans sa mémoire le contour de ses mâchoires. Alors qu’elle tournait, ses interminables cheveux blancs glissaient contre les flancs de son spectateur.
Brusquement, comme éveillé par la caresse, il bougea. Ses bras puissants saisirent Séléné à la taille et elle s’éleva dans les airs avec un soupire de contentement et de surprise.
Instinctivement, elle sut. Elle sut qu’elle devait se tendre, rester immobile, profiter.
Puis il la fit retomber comme si elle ne pesait qu’un drachme avant de la récupérer pour la faire voler de plus belle. Il la serra entre ses bras un long moment avant de la faire glisser au bout de la scène. Elle emporta avec elle l’odeur d’herbe fraichement coupée qui collait à la peau du danseur. A peine fut-elle arrivée qu’elle repartit de plus belle, sautant sauvagement sur l’homme qui la réceptionna et la serra plus fort encore. Elle glissa dans son dos et le chevaucha comme un fier destrier. Il la fit basculer devant elle et elle laissa tout le haut de son corps pendre dans le vide, les jambes fermement enroulées autour de ses épaules.
Puis il la fit tourner.
Pour la première fois, Séléné regardait le plafond.
Pour la première fois, Séléné distinguait les élégants barreaux qui constituaient sa prison dorée.
Pour la première fois, Séléné aimait l’immobilité.

Elle sortit de sa léthargie quand ses reins touchèrent le bois de la scène.
Puis tout s’immobilisa.
Elle se noya dans le regard sombre de l’homme, perdit ses mains dans ses cheveux ébène, fondit ses lèvres dans les siennes. Lorsque les pans de sa tunique commencèrent à chuter le long de ses frêles épaules, Séléné n’eut pas peur.
Lorsque les mains du dieu glissèrent le long de ses courbes, Séléné gémit de bonheur.
Mais la danse ne s’arrêtait pas.
Chorégraphie millimétrée.
Basculement de bassin.
Revirement.
La voilà sur le dessus, nue, ses seins offerts à son bel amant, ses mains posée sur son torse puissant. Il renâcla mais elle le tut d’un geste.
Séléné semble renaître.
Elle fit glisser son bassin jusqu’à laisser doucement son corps se fondre dans celui, diamétralement plus sombre, du dieu. Elle ondulait son bassin avec le désespoir de la danseuse pendant le final d’un ballet. Elle griffait le ventre de son bel éphèbe et prenait son visage en coupe dans ses mains.
Il avait posé une main sur sa hanche, la seconde sur son sein. Et il murmurait des poèmes, susurrait à son oreille les plus belles paroles.
Il louait sa beauté, sa grâce, sa perfection.
Mais plus que ses mots, ses yeux disaient tout.
Ces yeux là même qui s’écarquillèrent de surprise quand vint la jouissance.
Séléné avait rompu le contact.
D’infinie gouttelettes immaculées tâchèrent le torse sombre du dieu alors qu’elle se levait en toute hâte, comme rongée par le remord.

Hypnos, dieu de la nuit, n’eut le temps d’esquisser un geste.
Un éclair de foudre transperça le corps de la fragile créature qui l’avait ensorcelé.
Zeus avait punit l’affront.
Et jamais plus la boite à musique ne jouerait de sa mélodie délicieuse.


Depuis lors, on dit qu’Hypnos est taciturne, qu’il est cyclique et lunatique.

Et depuis cette nuit-là, le ciel nocturne, royaume du dieu blessé, se serait paré en souvenir de milliers de taches blanches éclatantes et d’une autre, plus ronde et plus grande que les autres qui, inlassablement, danse dans l’obscurité. 



dimanche 7 décembre 2014

BLACK WIDOW

On dirait que le spectacle du Cirque du Soleil à Paris m'a pas mal inspiré puisque me voilà un peu sorti de mon blocage pour vous proposer ce petit texte.
Amour.

A lire avec Black Widow.




La jeune femme appliqua doucement le morceau de coton sur son visage et essuya l’encre noire qui salissait ses joues. Ses doigts mal assurés frémissaient contre ses pommettes, emportant dans leur sillage la trainée sombre baignée par les larmes qui formait quelques minutes plus tôt encore son maquillage. Elle leva les yeux vers le grand miroir habillé de lumières crues qui baignaient son visage de lueur.
Elle se trouvait laide.
Ses lèvres trop grosses, son nez trop droit, ses yeux trop clairs, ses cheveux trop bouclés, sa mâchoire trop carrée, son menton trop pointu.
Elle se haïssait.
Ses mains bondirent pour barbouiller le miroir de rouge, évacuant ainsi toute sa hargne contre ce pauvre morceau de vitre.
Et puis, seule dans sa loge, elle effaça les dernières traces de son instant de faiblesses, de son sursaut de conscience. Elle couvrit son visage d’une nouvelle couche de mensonge. Elle alourdit ses cils, peignit ses lèvres, rosit ses joues, brossa ses mèches sauvages.
Elle ferma les yeux quelques instant et souffla profondément, pour calmer le rythme de son cœur lancé au triple galop. Elle savait ce qu’elle avait à faire. Tout était minuté, réglé à la seconde. Elle n’avait qu’à exécuter comme c’était prévu. Et tout irait bien. Tout irait pour le mieux.

La jeune femme se leva brutalement, renversant sa chaise.
Elle fit glisser son peignoir de ses frêles épaules et enfila le justaucorps couleur chair qui lui collait tant à la peau. Une fois la fermeture remontée, elle inspira une nouvelle fois profondément et sortit de sa loge.

Elle avança sur le chemin de la scène, croisant les triplées contorsionniste, dans une nouvelle dispute plus violente encore que les précédentes. Si similaires d’apparence et si divergentes de caractère. Elle fit glisser sa main sur l’épaule du clown qui finissait son verre de whiskey, noyant au passage dans son estomac les petites pilules qui à elles seules lui permettaient de tenir sur le fil, comme un funambule inexpérimenté.
Ses doigts se serrèrent un peu plus sur sa clavicule et il lui répondit en levant les yeux vers elle, esquissant un sourire fatigué. Il était si épuisé de feindre la joie sur les planches qu’il ne s’y essayait plus en coulisses.

Elle continua son chemin jusqu’à la tortueuse échelle qui filait vers la voûte du chapiteau. Barreau par barreau, elle gravit l’édifice jusqu’à se hisser à son fait. Elle s’avança doucement sur la passerelle. A quelques centimètres de plus, le vide. Elle en était si habituée qu’elle ne jeta même pas un œil au précipice. Elle tutoyait la mort avec la désinvolture d’une âme damnée.

Puis vint son tour, enfin.

« Mesdames et messieurs préparez-vous maintenant à trembler de frayeur ! Pour vous ce soir et en exclusivité, la Veuve Noire ! »

Elle soupira.
Il n’y avait rien d’exclusif à répéter tous les soirs avec la même cadence effrénée le même numéro mortel.
Les mains de la Veuve se serrèrent contre le grand drap rouge qui venait de tomber du plafond juste pour elle. Elle calma les tremblements de ses phalanges en soufflant. Elle était incertaine. Pourtant elle était prête. Elle se savait prête. Elle n’avait jamais été aussi prête.

« Elisa, bouge, t’attends quoi là-haut ?! »

Sursaut. Prise de conscience.
Elle se laissa tomber, les mains glissant le long du drapé.
Un cri de panique général agita le public alors que son corps décrivait une chute macabre. Et puis, au dernier instant, ses mains se serraient, brulant son épiderme mais contrecarrant la gravité assassine. Les spectateurs eurent un soupir de soulagement et, déjà, elle remontait, à la force de ses bras. Ses mains s’enroulèrent dans le tissu, puis ses jambes, puis tout son corps. Elle tissait son cocon comme toujours. Elle se laissa alors pendre dans le vide, tête retournée, comme en attente de muer en un gracile papillon et prendre son envol. Elle s’agita et tourna rapidement pour se sortir de son cocon de soie et tomber de plusieurs mètres avant de se retenir in extremis par la cheville.
Applaudissements tonitruants.
Le numéro continua encore plusieurs minutes de la même façon. Elisa volait dans les airs. Elle louvoyait avec le vide. Elle caressait les planches dans ses chutes pour remonter de plus belle vers la voute du chapiteau. Elle dansait dans les airs avec l’aisance d’une araignée ballotée au bout de ses fils. A mesure que le temps passait, tout s’effaçait de son esprit. Seule demeurait la chute du numéro, le dernier mouvement, celui qui vous donnait de tels frissons que votre corps semblait passer de trente-sept à zéro degrés puis à cinquante en une fraction de seconde.
Enfin.
Il arrivait.
Elle se hissa une dernière fois, plus haut encore que précédemment.
Le public se taisait, l’orchestre cessait de jouer, la tension était palpable. Elle ramena près de son corps toute l’étoffe qu’elle put puis l’enroula autour de son corps rompu par l’entraînement. Elle savait exactement quoi faire.
Une fois totalement bercée par la soie, dans un silence total, Elisa se laissa tomber.
Son corps décrivit des arabesques majestueuses, roulant dans le tissu pour filer vers le sol.
Le public retenait son souffle. Allait-elle réussir à se retenir, allait-elle rencontrer la dure réalité terrestre et se briser le cou ? Elisa tutoyait la mort.
Mais elle n’atteignit pas le sol.
Au début, ils applaudirent.
Puis ils se rendirent compte.
Avec brio, Elisa avait effectué son dernier numéro, comme minutieusement prévu.
Et le drap qui l’avait emprisonné tant d’années durant, l’avait libérée.

Ci ne gisait pas Elisa, flottant dans les airs, uniquement retenue par un ferme mais élégant nœud, solidement enroulé autour de sa gorge fragile. 


samedi 4 octobre 2014

Hold her down with soggy clothes and breezeblocks.

https://www.youtube.com/watch?v=rVeMiVU77wo


Lisa, Lisa, encore et toujours Lisa ♥





















en bonus une photo DE MOI ahah, ça change. Prise par Lisa du coup !