vendredi 23 août 2013

Gabisi IV

Je m'aperçois que j'avais totalement oublié de poster le dernier texte de la série 'Gabisi' (les textes sur Gabriel et Isidora, les amants immortels ♥)
Voici donc le 4eme, si vous ne connaissez pas, allez donc voir le premier et cliquez sur "la suite" au bas, s'il vous a plu !

Again
« Oui ? »
L’homme tenait la lourde porte d’une main. Il était drapé dans un impeccable peignoir blanc, ses cheveux courts et sombres encore trempés. Ses pas avaient laissés des empreintes humides sur les grandes dalles de carrelage.
« Tu ne me reconnais pas ? »
Déclic.
Bien sûr qu’il la reconnaissait. Elle était là. Elle l’avait retrouvé. Encore.
Isidora portait une veste en cuire rouge et un pantalon noir près du corps. Elle s’avança et posa ses lèvres écarlates sur les siennes. Il ferma la porte et caressa ses boucles blondes, ivre de bonheur. Le manoir était immense. Il décolla ses lèvres de celle de la jeune femme pour mieux les y recoller. Elle l’entrainait de pièces en pièces, dédaignant le grand salon richement meublé pour s’attarder dans la cuisine. La blonde finit par adosser son éternel amant contre un grand plan de travail en béton ciré pour explorer les courbes parfaites de ses lèvres retrouvées. Ses mains délicates s’engouffrèrent dans le peignoir blanc pour épouser les formes de Gabriel. Il était beaucoup plus large que celui qu’elle avait eut l’habitude de toucher, autrefois. Plus grand aussi, les épaules larges, le corps puissant. Une courte barbe rêche et sombre comme ses cheveux. Ses doigts effleurèrent son torse, se promenèrent sur ses hanches, sur ses fesses. Gabriel lui retira sa veste écarlate et la poussa contre le frigo avec passion. Il s’attaqua à son cou, les lèvres brûlantes. Isidora s’offrait toute entière. Leurs retrouvailles étaient toujours passionnées. Elle adorait ça.
Il la déshabilla entièrement et fit tomber son peignoir au sol avant d’allonger son amante sur le plan de travail. Ses baisers se firent plus pressants encore, enflammant toute la surface du corps de la jeune femme. Leurs yeux se croisèrent et Gabriel attrapa sa frêle partenaire pour l’entraîner avec délice vers la chambre à coucher.

Les yeux de l’homme s’ouvrirent sur le corps d’Isidora vêtu d’une robe rouge carmin. Il sourit avant de se rendre compte que ses poignets étaient menottés au lit.
« Tu te rappelles de la robe ? »
Il déglutit. « Isidora, je ne comprends pas. »
« T’en rappelles-tu ? »
Il acquiesça sans quitter des yeux la personne la plus précieuse de sa vie. De ses vies. Isidora se rapprocha de l’immense lit à barreaux dorés. C’était la robe qu’elle portait la dernière fois. La robe de son cadavre flottant dans la Seine.
« Alors » continua-t-elle dans un filet de voix, « tu te souviens aussi de mon corps moulé dedans, tu te souviens de mon visage, tu te souviens de ma longue agonie quand toi, égoïstement, tu me faisais partir ? Tu me faisais tout recommencer ? »
Gabriel ne dit rien, son regard exprimant toute la souffrance du monde.
« REPONDS. »
« Je me souviens de tout. »
« Tu sais quel enfer j’ai vécu ? Cette fois-ci on dirait que TU as eu la chance que tu m’enviais tant, tu es bien confortablement installé. J’ai été orpheline cette fois-ci. Je ne te parle même pas de tout le reste, ça ne t’intéresserait pas. J’espère au moins que tu es satisfait. »
« J’ai fais ça pour nous » lâcha-t-il dans un murmure. Même lui sentait que cette justification était égoïste et pathétique.
« J’étais heureuse. » Les larmes emplissaient le regard océan d’Isidora. « On aurait pu l’être tout les deux. »
Pour la première fois, Gabriel remarquait le révolver qu’elle tenait en main. « Tu vas me tuer ? » demanda-t-il simplement.
Isidora secoua la tête.
« Non. »
Elle pleurait complètement à présent.
« Non, je serais bien stupide de te tuer. »
Elle marqua une pause. « Je ne te tue pas. »
Elle leva le révolver et visa le cœur de son amant de toujours.
« Je me venge. »
La détonation partit avant même que Gabriel put esquisser un geste. La balle se ficha dans son cœur avec un son mat. Quelques plumes s’envolèrent du matelas et le sang de Gabriel tâcha rapidement les draps mouillés de la sueur de leurs ébats de la veille. Isidora se rua sur le corps de l’amour de ses vies et prit son visage à pleines mains. Il partait lentement. Ses larmes s’écrasaient sur son nez droit. Elle l’embrassa à plusieurs reprises. « Je t’aime. Je t’aime. Ne l’oublie pas. Je t’aime. »
Son regard se voila comme le sien s’était voilé des années auparavant alors qu’il l’empoisonnait. Puis son visage s’affaissa pour la dernière fois.
Un tremblement nerveux agitait les lèvres de la blonde, les larmes dévalaient son visage et sa respiration était courte.
« C’est notre malédiction après tout, notre tribu. Tout recommencer. Encore et encore. »
Elle étouffa ses pleurs.
« Une dernière fois. »

Puis se tira une balle dans la tête.